Le Pôle Apicole du GDS

Le GDS multiplie ses actions afin d’aider l’apiculteur dans la lutte contre le varroa

Surveillance sanitaire

Le GDS Réunion réalise une surveillance sanitaire afin de détecter de manière précoce l’émergence d’une maladie pour permettre la mise en place de plan d’urgence. Étant reconnu Organisme à Vocation Sanitaire (OVS) depuis juin 2012, le GDS sert de relais à l’État pour garantir la qualité sanitaire des élevages réunionnais.

Dans ce cadre et depuis l’apparition du petit coléoptère des ruches sur notre île, le GDS à multiplier ses actions afin d’aider l’apiculteur dans la lutte contre ce parasite.

Conscient des enjeux liés aux exigences de nos adhérents, nous devons repenser en permanence notre stratégie d’association citoyenne et responsable. Pour servir cette ambition, le GDS définit sa nouvelle politique de performance et de communication comme un véritable outil de pilotage.

01. Programme sanitaire d’élevage apicole

Présentation des objectifs

Depuis le 18 octobre 2017, le GDS possède un agrément pour la gestion d’un Programme Sanitaire d’Élevage Apicole. Son objectif principal est de pouvoir proposer pour tous les apiculteurs adhérents, des traitements contre le varroa.

Le PSE engage le vétérinaire du GDS et les apiculteurs à un certain nombre d’engagements : 

  • Le bon respect de l’utilisation des traitements
  • Le suivi de la réglementation
  • Le comptage de varroa

Dans le cadre du PSE, l’apiculteur se doit de s’informer régulièrement via le GDS. À ce titre nous allons vous proposer une série de films concernant le varroa et sa gestion que vous pourrez découvrir prochainement sur notre site. 

Le site web du GDS Réunion permet également pour les apiculteurs de trouver de la documentation relative à la gestion de varroa et aux bonnes pratiques de l’utilisation des médicaments vétérinaires.

Obligations règlementaires

La délivrance des médicaments se fait via une ordonnance qui doit être conservée pendant 5 ans par l’apiculteur. Les modalités de traitement sont expliquées sur l’ordonnance et l’apiculteur doit appliquer scrupuleusement la bonne observance du traitement : respecter les doses et les temps d’application.

L’apiculteur doit noter dans son cahier sanitaire d’élevage toutes les opérations réalisées sur les colonies : mise en place des traitements, retrait des traitements, les nourrissements et toutes autres opérations.

L’achat des antiparasitaires n’est possible que dans une pharmacie, chez un vétérinaire ou au sein d’un groupement titulaire d’un PSE. Tout achat dans un autre cadre est strictement interdit (Internet, achat à l’étranger, etc.).

Conseils en technique de lutte

La délivrance des produits de traitement ne peut se faire qu’après la visite sanitaire réalisée par le technicien sanitaire apicole ou le vétérinaire. Lors de cette visite obligatoire le technicien évaluera avec l’apiculteur le niveau d’infestation des colonies par le varroa. Il conseillera l’apiculteur sur la gestion des colonies et également sur le traitement le plus adapté dans le contrôle du parasite.

Mise à disposition de produits vétérinaire

Une fois cette visite réalisée, l’apiculteur peut venir dans les locaux du GDS Réunion afin de se faire délivrer les produits de traitement. Une permanence est assurée tous les vendredis de 8h à 16h. L’apiculteur peut aussi passer par le technicien sanitaire apicole ou le vétérinaire directement pour commander les produits. Un colisage pourra alors être effectué.

02. L’impact du Varroa sur les colonies, la varroose

Introduction

Varroa destructor constitue la plus grave menace sanitaire contre les abeilles domestiques. Sa présence à la Réunion va désormais impacter le travail de l’apiculteur et surtout l’état de santé des abeilles locales.

La maladie qu’engendre le varroa sur l’abeille s’appelle la varroose. Elle est causée par l’impact direct du varroa sur l’abeille, ses conséquences sur la colonie et par les virus transmis par le parasite.

L’impact du varroa

Dans le couvain, le varroa se nourrit de l’hémolymphe de la larve puis de la nymphe, l’équivalent du sang pour les mammifères. Son action spoliatrice génèrera une hémolymphe de moins bonne qualité ; avec un appauvrissement en protéines, fragilisant par exemple la réponse immunitaire de l’abeille en la rendant plus sensible aux virus ou aux bactéries. L’impact sanitaire majeur du varroa s’observe quand il est dans le couvain.

Le développement de l’abeille en est gravement affecté. Elles naissent plus petites, avec une diminution de leur capacité à voler, une espérance de vie réduite d’au moins un tiers et une atrophie des glandes hypopharyngiennes. Ces glandes permettent la fabrication par les abeilles de la gelée nourricière pour les larves. L’organisation générale de la colonie sera alors affectée, aboutissant à un dérèglement général du bon fonctionnement de la colonie.

Virus transmis

En piquant l’abeille ou les nymphes pour se nourrir, le varroa peut inoculer des virus. Parmi les plus importants, le DWV, le virus des ailes déformées, est responsable d’une atrophie des ailes de l’abeille, l’empêchant ainsi de voler. 

D’autres virus comme le virus de la paralysie aiguë ou encore le virus du cachemire, génèrent des symptômes plus difficiles à identifier, mais jouant un rôle majeur dans la gravité de la maladie. Le virus du couvain sacciforme peut aussi être transmis par le varroa.

Symptômes

Passé un certain seuil d’infestation, seuil variable selon les colonies, un certain nombre de symptômes seront alors visibles dans la colonie : abeilles à l’abdomen raccourci, ailes déformées voire absentes, couvain en mosaïque, cannibalisme et diminution brutale de la population d’abeilles. Sans traitement, la colonie finira par disparaître.

03. Utilisation des médicaments / EPI

Afin de respecter la réglementation française, l’utilisation des antiparasitaires est soumise au respect de la bonne utilisation des produits vétérinaires.

Bonne pratique

L’apiculteur devra tenir à jour scrupuleusement son cahier sanitaire. Chaque opération réalisée sur les colonies devra être clairement consignée sur le cahier. De même les factures de nourrissement devront être conservées. Les ordonnances fournies par le vétérinaire devront quant à elles être conservées pendant 5 ans.

L’ordonnance fournie par le vétérinaire constitue un mode d’emploi des antiparasitaires. L’apiculteur suivra à la lettre les indications sur la quantité d’antiparasitaire à appliquer et sa durée. Aucun traitement ne pourra être réalisé pendant la miellée, à cause des risques de contamination des cires et du miel.

Les emballages des traitements usagés devront être rapportés à leur lieu d’achat.

GDS Réunion - Apicole - Registre élevage

Présentation des molécules

Différentes molécules sont disponibles pour lutter contre le varroa. La plupart d’entre elles sont liposolubles, c’est-à-dire qu’elles vont s’accumuler dans les cires et pourront être relarguées dans le miel. C’est pour ça que les traitements sont interdits pendant les miellées. Seul l’acide formique est capable de traverser l’opercule de la cellule et de tuer les varroas dans le couvain operculé. Malheureusement son utilisation est complexe à La Réunion en raison de températures particulièrement élevées.

EPI

De nombreux traitements nécessitent l’utilisation d’Équipements de Protection Individuelle, autrement appelé EPI. Pour la plupart, l’utilisation de gants en nitryl est recommandée afin d’éviter le contact entre le produit et l’apiculteur. L’emploi de masques à cartouche de type EF341 est obligatoire pour les traitements par sublimation à l’acide oxalique et recommandé pour l’application des produits au thymol ou à l’acide formique.

Risques liés pour les abeilles et pour les hommes

Aucun traitement antiparasitaire n’est anodin pour la colonie. Presque toutes les molécules pourront occasionner des effets secondaires d’intensité variable. L’amitraz peut ralentir la ponte de la reine. Le thymol est toxique pour le couvain ouvert et nécessite un nourrissement de la colonie pendant la durée du traitement. L’acide oxalique peut occasionner des mortalités sur les abeilles. Enfin, l’utilisation de l’acide formique peut induire un arrêt de ponte, un remérage voire la mort de la colonie.

04. Biologie du Varroa

Introduction

A l’origine, le varroa était le parasite de l’abeille asiatique Apis cerana. Au début du 20ème siècle, il s’est adapté aux abeilles européennes et depuis a conquis quasiment tous les territoires de la planète où les abeilles mellifères étaient présentes. Son impact sanitaire est majeur puisqu’il peut être responsable de mortalités très importantes dans les colonies mais il a parfois tendance à être sous-estimé de la part des apiculteurs.

Description

Varroa destructor est un petit acarien d’environ 2 mm. Il est de couleur brune, possède 4 paires de pattes et se voit très facilement à l’œil nu. Il se nourrit de l’hémolymphe de l’abeille, l’équivalent de notre sang. Ce sont uniquement les femelles du parasite que l’on peut distinguer sur l’abeille.

La vie de varroa se décompose en deux phases. Une phase où il va être sur les abeilles, on parlera alors de varroa phorétique. C’est la phase de dispersion du parasite. L’autre phase, elle sera plus discrète. C’est la phase de reproduction et celle-ci se déroule dans le couvain operculé de l’abeille. La femelle phorétique deviendra alors femelle fondatrice.

Cycle de vie

La femelle varroa va rentrer dans une cellule de couvain quelques heures avant son operculation soit le huitième jour. Elle va se glisser sous la grosse larve et attendre l’operculation de la cellule de couvain, et dès le lendemain elle commence à se nourrir de la Lymphe. 40 heures après l’operculation, la femelle va pondre un premier œuf mâle puis toutes les 30 heures environ des œufs femelles. Le jeune mâle va s’initier à la reproduction avec sa plus jeune sœur mais il ne réussira pas à la féconder, par contre il fécondera toutes ses autres sœurs. Pour que ces jeunes femelles puissent à nouveau se reproduire il faut qu’elles soient adultes. A l’émergence de la jeune abeille, au bout d’une dizaine de jours après l’operculation, cinq à sept femelles varroa fondatrice apparaissent. Le mâle et toutes les femelles varroas immatures de couleur blanche mourront. On les retrouvera alors sur le plancher de la ruche.

La durée d’operculation est plus longue dans le couvain de mâle, donc plus de femelles varroa capables de se reproduire à nouveau sortiront avec l’émergence des faux bourdons. Au final, dans la colonie, la population de varroa double tous les 33 jours.

La difficulté de la gestion du parasite pour les apiculteurs, réside dans le fait que l’essentiel de la population de varroa est situé dans le couvain operculée, donc imperceptible à l’œil nu.

05. Lutte chimique

Introduction

La lutte chimique est le seul moyen de contrôler efficacement les populations de varroa dans les colonies. A l’heure actuelle, 11 formulations sont disponibles pour les apiculteurs dont une bonne partie est utilisable en agriculture biologique. Parfois des effets secondaires pourront être observés sur les abeilles, comme des arrêts de ponte ou bien encore des désertions.

Simple d’utilisation pour la plupart, leur application est strictement interdite pendant les miellées. Bien utilisés, ils ne présentent aucun risque pour le miel ni le consommateur.

Traitement amitraze

2 spécialités contenant de l’amitraze sont disponibles sur le marché français. Il s’agit des traitements les plus simples à appliquer et aux modes opératoires similaires. Pour ce type de traitement, il suffira d’insérer les deux languettes de polymère dans le centre du nid. Le traitement restant dans la ruche pendant plusieurs semaines. La miellée peut démarrer dès le retrait des bandelettes. Ces traitements sont applicables à n’importe quelle période de l’année et sont particulièrement efficaces quand les taux de varroa phorétiques sont élevés.

Traitement thymol

Différentes spécialités au thymol existent sur le marché français. Ces produits fonctionnent par évaporation et dépendent étroitement des conditions climatiques comme la température extérieure et hygrométrie. La plage de température à respecter se situe entre 15 et 30° Celsius, attention aux températures hivernales dans les hauts de l’île. Ces traitements à La Réunion seront réservés à la période hivernale, plutôt dans les hauts et quand les taux de varroas phorétiques sont modérément élevés.

GDS Réunion - Produits traitement

Traitement acide oxalique

Les traitements à base d’acide oxalique sont très efficaces mais nécessitent un peu plus de technicité. Il s’agit de traitements flash et pour être efficaces, il ne doit y avoir plus y avoir aucun couvain operculé dans la colonie. Cet arrêt de ponte se provoque en encageant la reine. Cette opération consiste à capturer la reine et à la placer dans une cage spéciale appelée cage de Scalvini. Cette cage sera placée au centre du nid pendant 21 jours maximum afin de maintenir la cohésion de la colonie. 21 jours après l’encagement, l’apiculteur libérera la reine et pourra réaliser les traitements à l’acide oxalique, soit par dégouttement d’une solution sucrée d’acide oxalique sur les abeilles, soit par sublimation d’acide oxalique pur. Ce traitement sera répété 3 jours après pour limiter la réinfestation.

Les huiles essentielles

L’utilisation d’huiles essentielles est interdite en apiculture. Il n’existe pas de protocole homologué en France contre le varroa à base d’huiles essentielles.

06. Lutte coordonnée et calendrier de traitements

Présentation de la méthode

La lutte coordonnée est un facteur de réussite dans le contrôle de la population de varroa à l’échelle de l’île. A un moment donné, tous les apiculteurs d’un secteur géographique donné réalisent tous les traitements au même moment. Cela permettra de contrôler les réinfestations et de diminuer de manière importante la population de varroa sur la zone.

En fonction des miellées, ces opérations pourront être réalisées par secteur en hiver et pendant l’été.

Calendrier de traitement

Pour la plupart des colonies situées dans les Bas de l’île de La Réunion, il y a deux pics de couvain dans l’année. Le premier, entre mars et avril correspond à la miellée de baies roses. Le second entre août et octobre correspond à la miellée de letchis et aux floraisons des fleurs de jardin.

Ainsi, deux périodes propices à la mise en œuvre de traitements s’imposent. Sachant que la miellée de baies roses est la miellée la plus productive à La Réunion, l’application d’un traitement en décembre ou en janvier sera un facteur de réussite pour la miellée de baies roses.

Un second traitement avec une autre molécule pourra être réalisé entre juin et juillet afin d’assurer la miellée de letchis. Pendant la période de production de couvain de mâle, la technique de retrait du couvain pourra être mise en place.

Dans les Hauts de l’île, la situation est très différente avec une absence de letchis et de baies roses. Le pic de couvain sera plutôt hivernal, d’avril à septembre, avec notamment les miellées de mahot et de tan rouge. Les traitements seront alors à utiliser en début d’année, en janvier ou février, et un traitement de contrôle pourra être réalisé en septembre pour la multiplication des colonies.

07. Résistance des abeilles au Varroa

Introduction

Dans différents endroits du monde, quelques populations d’abeilles domestiques ont réussi à survivre au varroa sans aucun traitement. Les abeilles d’origine africaine sont connues pour résister au parasite. Et l’abeille que nous avons à La Réunion, Apis mellifera unicolor, appartient à la lignée A, la lignée des abeilles africaines.

Mécanisme de défense de l’abeille

L’abeille peut utiliser différents mécanismes de défense contre le parasite. C’est souvent la conjonction de plusieurs comportements ou traits de vie qui vont rendre une souche ou une population d’abeille tolérante au parasite.

Parmi les principaux traits de caractère des abeilles, le caractère hygiénique des abeilles est particulièrement important. L’hygiénisme, c’est la capacité pour les abeilles de détecter du couvain parasité et ensuite de l’éliminer.

Un autre trait de caractère appelé épouillage, permet aux abeilles d’éliminer elles-mêmes le parasite qui est fixé sur les abeilles. Ces abeilles tolérantes au varroa ont également quelques particularités : elles ont un cycle de développement qui est généralement plus court avec des colonies de petites tailles mais se développant très rapidement. 

Ils existent aussi d’autres caractéristiques moins intéressantes pour l’apiculture comme l’instinct de désertion. Quand la colonie est trop parasitée, les abeilles quittent le nid et vont s’installer ailleurs en laissant les parasites dans le couvain de l’ancien nid.

Enfin, depuis quelques années, le caractère SMR (suppression des capacités reproductives du varroa) a été mesuré dans de nombreuses colonies et une sélection ciblée sera mise en place dans les ruchers prochainement.

Limite de la lutte chimique

Tout agent pathogène, quand il est exposé à des molécules pour l’empêcher de se reproduire ou pour le tuer finit par développer des résistances à ces molécules. Ces résistances sont favorisées quand les traitements sont utilisés depuis très longtemps ou quand les traitements sont mal appliqués.

Un traitement est mal appliqué quand il est soit sous-dosé. Lorsqu’on ne met pas la bonne dose ou on n’applique pas assez longtemps le traitement, ou alors sur-dosé. Dans ce sens, toute lutte chimique n’est pas pérenne à long terme. C’est pourquoi il faut favoriser les comportements de défense de l’abeille face au parasite.

Le plan de sélection

La sélection collective est une attente forte et ancienne de la filière apicole réunionnaise. Elle s’est traduite par une première initiative, coordonnée par la chambre d’agriculture de La Réunion et débutée en 2015. Motivée par la nécessité de limiter les risques d’introduction d’abeilles exotiques, et donc de varroa, c’est paradoxalement le bouleversement engendré par son arrivée qui, quelques mois plus tard, a interrompu l’initiative. Cette arrivée a également modifié les enjeux du plan de sélection : améliorer la résistance à varroa est devenu une priorité, renforçant par la même le rôle du GDS Réunion. Pour autant, la sélection doit également faciliter le travail des apiculteurs et augmenter la production de miel. Ce travail ne peut en aucun cas être fait sans les apiculteurs de l’île. Au contraire, ils doivent être impliqués à chaque phase du processus.

D’abord parce que, même si le nouvel ingénieur du GDS Réunion possède déjà une expérience dans la sélection collective avec des apiculteurs de métier, ils sont ceux qui connaissent le mieux les spécificités de l’apiculture locale et les attentes de la filière. Réunir l’expérience de ces deux types d’acteurs est essentielle à la réussite d’une telle entreprise. Ils doivent donc travailler ensemble, à chaque étape du processus, à commencer par le protocole d’évaluation des colonies. Et celui-ci doit nécessairement comporter de nombreux points : importance des différents paramètres (production de miel, résistance sanitaire, essaimage, autonomie alimentaire, douceur, etc.), méthodes de mesures, calendrier de travail… la liste est longue !